Disparition de Monique Lavialle, secrétaire de l’association

Une dizaine d’années déjà que Monique avait rejoint S[cube] après une longue carrière à l’INRA et des années de riches activités militantes. Entrée au bureau de l’association elle y a tout de suite occupé une large place. Calme, réfléchie, l’esprit de synthèse, elle fut pour nous plus d’une fois un repère quand il fallait réfléchir au futur de l’association. Quand on pense à elle c’est le mot confiance qui nous vient spontanément à l’esprit. Monique, on pouvait compter sur elle. Ce qu’elle faisait c’était bien fait ! Après une alerte sérieuse sur sa santé nous espérions tous, revoir Monique comme avant et pour longtemps encore. Le choc n’en fut que plus violent. Sa mémoire restera vivante parmi nous.

Monique a débuté dans la recherche par une thèse sur les rythmes circadiens chez le phasme (rythme de ponte), soutenue en 1976, sur le centre INRA de Versailles. Elle a poursuivi son travail dans l’unité de physiologie sensorielle créée par Bernard Dumortier, sur les rythmes entrainés par la lumière, sur d’autres insectes (pyrale du maïs, piéride du chou, blatte).

Monique a ensuite rejoint le centre INRA de Jouy-en-Josas où elle a fait toute sa carrière de chercheuse. Neurobiologiste, elle est passé de l’horloge circadienne des insectes à celle des mammifères. Dans cette toute petite structure cérébrale qu’elle disséquait à merveille (elle trouvait ça très facile chez le hamster, étant habituée à celle de la blatte), elle s’est intéressée de façon pionnière aux astrocytes, ces cellules gliales qui accompagnent et protègent les neurones. Elle a ainsi contribué, avec les autres chercheurs fondateurs du Club des Cellules Gliales, à mettre en lumière l’importance du rôle de ces cellules dans la physiologie cérébrale. Elle est la première à avoir montré la plasticité morphologique remarquable des astrocytes en lien avec des variations physiologiques. Ses travaux des années 90 et début 2000 chez le hamster ont démontré que la lumière perçue par les cellules rétiniennes entraîne un déploiement astrocytaire dans les noyaux suprachiasmatiques, siège de l’horloge circadienne. Cette plasticité morphologique astrocytaire a été observée depuis dans d’autres régions du cerveau et est aujourd’hui considérée comme un élément clé dans les réponses adaptatives cérébrales.

En 2000, Monique a rejoint le Laboratoire de Nutrition et Sécurité Alimentaire de Jouy, et le département d’Alimentation Humaine, pour apporter ses compétences de neurobiologiste à l’équipe « lipides » travaillant sur les oméga-3. Elle y a soutenu son HDR en 2004 puis, grâce à son énergie, elle a pu créer l’unité NuRéLiCe (Nutrition et régulation lipidique des fonctions cérébrales) dont elle sera directrice jusqu’à son départ en retraire en octobre 2013.

En tant que Directrice d’unité, elle avait un grand talent pour construire un projet scientifique collectif, intégrant les compétences de chacun au service d’un objectif cohérent, original et facilement compréhensible, ce qui motivait tout le monde dans l’équipe et séduisait nos décideurs. Elle mettait ses convictions et son sens de la justice en application ; elle privilégiait le collectif, le partage des tâches et des informations et l’équilibre dans la valorisation de chacun. Tout ceci, toute l’attention qu’elle prodiguait aux autres, le perfectionnisme qu’elle mettait dans tous ses projets, lui imposaient un travail acharné, qui, dans les conditions difficiles faites à la recherche publique ces dernières décennies lui a sans doute coûté beaucoup d’énergie.

En 2013, Monique a rejoint l’association pour participer au projet d’exposition « Cervo-mix ». Très vite, elle s’est investie dans de nombreux autres projets de l’association : animation, participation aux réunions, rédaction des comptes-rendus, échanges nourris avec l’équipe de salariés, etc.
Son engagement dans S[cube] s’est alors concrétisé par le poste de secrétaire. Un pilier s’en est allé.

Toutes nos pensées vont vers ses enfants, Laure et Thomas, et à ses petits-enfants.